Vous aurez sûrement remarqué en parcourant les notes de ce blog que je suis une inconditionnelle du Yoga. Pourtant, je n’arrive pas à adhérer à l’image un peu exotique qu’on lui attribue, ni aux clichés qu’il véhicule. Ce qui m’intéresse surtout dans le Yoga, c’est l’expérience que l’on peut faire de son corps au travers du mouvement. Après tout ce temps, je suis toujours étonnée par l’efficacité qu’ont les postures sur de nombreuses pathologies. Le Yoga est une alternative pour bon nombre de problèmes musculaires ou articulaires, mais aussi pour certains dysfonctionnements. Pour que les asanas déploient toutes leurs vertus thérapeutiques, il est nécessaire lorsqu’on exécute les postures de développer l’ensemble de notre sensibilité sensorielle. Il s’agit non seulement des perceptions qui nous relient au monde extérieur mais également des perceptions qui viennent de nos capteurs sensoriels plus profonds et qui nous permettent de prendre connaissance de notre corps. Cette exigence sensorielle du Yoga en fait une discipline complète.
En effet, Le système nerveux somatique assure l’équilibre entre notre organisme et son milieu. Une de ses fonctions est de saisir les informations sensorielles et de les transmettre au système nerveux central. C’est ce qui nous permet de connaitre notre corps et de développer une sensibilité appelée : sensibilité somatique. Il existe en réalité plusieurs niveaux de perception.
Charles Scott Sherrington, a défini trois niveaux différents selon la position plus ou moins périphérique des récepteurs sensoriels.
Le 1er groupe correspond aux sens extérocepteurs. Comme leur nom l’indique, ces récepteurs sensoriels sont sensibles aux stimuli qui proviennent de l’environnement. Ils sont situés à la surface de notre corps ou à proximité. Ce sont les récepteurs cutanés du toucher, de la pression, de la douleur, de la température ainsi que la plupart des récepteurs des organes des sens.
Le 2e groupe, concerne la proprioception. Il s’agit des capteurs sensoriels situés dans les muscles, les tendons, les articulations, les ligaments et les tissus conjonctifs qui recouvrent les muscles et les os. Ils sont la source de notre sensibilité myoarticulaire grâce à laquelle nous avons connaissance de nos mouvements et de notre position dans l’espace. Ils répondent aux stimuli internes de notre organisme. Les capteurs sensoriels de notre oreille interne qui nous donne le sens de l’équilibre, sont eux aussi considérés comme des propriocepteurs.
Le 3e groupe concerne les sens intéroceptifs, qui eux réagissent également aux stimuli internes et se situent au niveau des viscères et des vaisseaux.Bien évidemment tous ces capteurs sensoriels interagissent entre eux.Par exemple, nos capteurs sensoriels du toucher qui sont situés sous la plante de nos pieds, vont aussi nous aider pour repérer la position de notre corps dans l’espace. Toute prise de conscience de notre corps nécessite donc l’intégration d’informations multiples provenant de plusieurs sources sensorielles.
Globalement, nous sommes beaucoup plus conscients des stimuli de notre environnement que de ceux qui proviennent de notre organisme. Je dirais même que cela fait partie de notre culture. Combien de fois ai-je entendu, les élèves s’étonner et me répondre, que l’on ne les avait pas habitué à s’écouter…Il me semble qu’il y a dans notre mode de vie actuel, un dénie du besoin physiologique d’intériorisation qui est pourtant incontournable pour pouvoir se recentrer. Dommage…Car d’après les dernières données que nous apportent les neurosciences, il apparaît justement que ces sensations d’arrière plan de notre corps constituent le socle de base de notre identité.
Le développement sensoriel par la pratique des postures et de la respiration, est une des vocations du Yoga. Il permet d’améliorer notre équilibre nerveux, d’harmoniser notre tonus postural et de favoriser les échanges métaboliques. En bref, il améliore la capacité d’auto régulation du corps que l’on nomme : »Homéostasie »...
Et pour vous parler de l’homéostasie, je vous le demande? Qui mieux qu’ Antonio Damasio.
« Non contente d’avoir disposé ses grâces pour la simple survie, la nature semble aussi avoir une arrière-pensée : l’équipement inné servant à la régulation de la vie n’est pas sensé produire un état neutre qui soit flou et intermédiaire entre la vie et la mort. Le but de l’homéostasie est plutôt de créer un élan vital qui ne soit pas neutre, ce que nous autres créatures pensantes privilégiées appelons bien-être » –-extrait du livre d’Antonio Damasio: « Spinoza avait raison »-
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui, en vous souhaitant beaucoup de bien être…